The Dancing Plague #1

Le mag

Danse VS Divertissement

 

Appel à contribution Avril 2012

« Traitons le théâtre comme un lieu de divertissement, ainsi qu'il sied dans une esthétique, et examinons quel genre de divertissement nous agrée ! »
Bertolt Brecht, Petit organon pour le théâtre, préface.


Après avoir exploré la question de la compétition, The Dancing Plague se propose pour son deuxième numéro d'interroger les amours et désamours de la danse et du divertissement.

La volonté de traiter ce thème correspond à l'engagement déjà postulé dans le premier opus : faire circuler la parole sur la danse au dehors des cercles consacrés, libérer la pensée du joug des discours forts, et revendiquer une exigence intellectuelle qui ne passerait plus nécessairement par la maîtrise de ces références qu'on aime à exposer entre soi, comme autant de signes de reconnaissance. En effet, la danse est une pratique universelle et un art vivant, qui bien souvent pourtant s'écrit en lettres mortes d'avoir trop raisonné en vase clos.

Dans la mesure de ses (modestes) moyens, The Dancing Plague a le désir de générer un appel d'air, qui viendrait participer de la prise de conscience salutaire, déjà engagée par un pan des acteurs de la scène chorégraphique, des dangers de la consanguinité, et de la nécessité de l'ouverture. Consanguinité sociale, consanguinité culturelle, et consanguinité intellectuelle. Loin de faire l'apologie de l'ignorance, on est en droit de souhaiter que la culture cesse d'être l'otage de ceux qui la possèdent déjà – et que la danse n'oublie pas qu'elle est partout, et surtout ailleurs.

La question du divertissement rencontre pleinement ces préoccupations, que nous souhaitons traiter via le contenu, mais aussi via la forme de la revue. Les contributions pourront donc se présenter sous différents formats – article de recherche, témoignage, entretien, bande dessinée, portfolio, formes graphiques diverses – et auront le souci d'allier à la pertinence des approches proposées un vrai plaisir de lecture. Le public auquel se destine, idéalement, la revue, recoupe aussi bien celui des penseurs et praticiens professionnels de la danse, que celui des amateurs et spectateurs passionnés, que celui encore des danseurs du dimanche – ou du samedi soir.

Voici quelques pistes pour ce thème, qui ne sont bien sûr pas exhaustives :

- art et divertissement : le divertissement peut-il être de l'art, et réciproquement l'art peut-il être divertissant ? L'opposition art/divertissement tend à découper le paysage chorégraphique en deux, avec d'un côté des œuvres et de l'autre côté des shows, d'un côté des films de danse et de l'autre côté des clips musicaux, etc. Cette catégorisation répond-elle à une différence essentielle, touchant à la nature de la démarche et du résultat, ou bien consiste-t-elle en une distinction artificielle, relative uniquement aux différents circuits de distribution des

spectacles ? La question économique au cœur du spectacle vivant pousse-t-elle à vouloir divertir au prix du sacrifice d'une exigence artistique ? On pourrait également enquêter sur la manière dont s'opèrent certains transferts créatifs entre ces différents champs : quelles traces d'influences réciproques peut-on découvrir en examinant leurs productions respectives ?

- populisme et élitisme : la danse doit-elle être divertissante pour toucher le plus grand nombre ? Inversement l'ennui est-il, au théâtre, un gage ésotérique de qualité, la caution du sérieux ? Les idées et préjugés couramment forgés dans nos esprits à propos de la qualité artistique, de l'appréciation populaire et du plaisir du spectateur sont liés entre eux d'une manière qu'il conviendrait d'éclaircir.

- pratique et spectacle : Si le spectacle de danse entretient des rapports compliqués au divertissement, la pratique, elle, semble d'emblée lui réserver une place de choix. La danse festive, tout d'abord, correspond pleinement à une activité de divertissement. La pratique en amateur, au sein de cours de danse classique, contemporaine, jazz, tango ou autres, mérite également d'être interrogée à l'aune de cette notion : en quoi la contrainte – par l'exercice parfois douloureux, par l'imposition de rythmes et d'horaires, etc. – peut-elle être source de divertissement ? La pratique et le spectacle correspondent-ils à des types de divertissement différents, et si oui, comment les caractériser ?

- plaisir et... plaisir : la question du divertissement soulève invariablement celle du plaisir. Quelle place la danse – pratique et spectacle – réserve-t-elle au plaisir ? Le plaisir à danser est-il le même que celui de la dépense physique pure, ou correspond-il plutôt à une sorte de bonheur de créer ? Et le plaisir à regarder, est-il de nature esthétique, intellectuelle, érotique – tout cela à la fois ? Plus généralement, le plaisir de la danse, dans l'observation ou dans l'exécution, a-t-il une fonction cathartique ? Est-il un plaisir privé, ou un plaisir partagé ?

Afin de donner une cohérence à l'ensemble, et de traiter le sujet le plus complètement possible, nous aimerions également accueillir des contributions relevant d'approches spécifiques, venant circonscrire chaque fois un pan des problématiques soulevées. Ainsi, l'enjeu philosophique de la question du divertissement nous semble important à traiter, tout comme l'enjeu économique qui se noue autour de l'industrie du spectacle et de l'entertainment. Il serait heureux, également, de contextualiser historiquement ce débat.

Cette liste de pistes n'est, encore une fois, pas exhaustive et reste ouverte à vos propositions.

Les propositions devront nous être envoyées avant le 15 juin, et ne devront pas excéder 3000 signes (environ une page). Elles seront examinées par le comité de lecture de The Dancing Plague, qui donnera sa réponse mi-juillet. Les contributions retenues devront ensuite être envoyées début septembre. Elles seront alors corrigées – si besoin est, et en accord avec vous – pour être éditées dans le courant de l'automne.

Merci de prendre contact avec Aude Thuries qui coordonne ce numéro en utilisant le formulaire ci-dessous pour l'envoi vos propositions :




* Champs obligatoire.

Documentation

Vous pouvez télécharger cet appel à contribution en cliquant sur ce lien :
Appel à contribution The Dancing Plague #1 →